L'océan est puissant et façonne le monde, créant de magnifiques formations géologiques que l'on peut admirer sur ses côtes. Près de Miyazaki, et en particulier autour de l'île de Aoshima, on peut admirer une de ces merveilles naturelles nommée Oni no Sentaku-ita: la planche à laver du diable.
Il s'agit d'une série de rochers en forme de vagues qui furent créés par des millions d'années d'érosion de la mer. Les rochers sont visibles à marée basse, lorsque l'eau s'est retirée pour révéler l'étendue complète de la formation.
Les motifs de cette étendue rocheuse ressemblent aux rainures d’une planche à laver en bois traditionnelle, tandis que l’ampleur massive du phénomène donne l’impression d’une planche à laver si grande que seul un diable pourrait l'utiliser, d'où son nom.
C'est une merveille géologique fascinante qui ne manque pas de laisser une impression étrange, comme l'ouvrage fantastique d'un artiste surhumain.
En prenant le temps d'observer les différents rochers le long de la côte, on peut découvrir des formes étranges, intéressantes et inquiétantes. Par exemple, certaines empreintes ressemblant à des crânes et à des monstres, scellant ainsi la croyance populaire d'une association du lieu avec le surnaturel.
Bien protégée par ces rochers, l'île de Aoshima est surtout connue pour son sanctuaire shintoïste dédié à Toyotama-Hime, la déesse du mariage.
L'histoire de ce sanctuaire remonte au 8 eme siècle...
Si on en croit le Kojiki, livre des légendes de la mythologie japonaise, les frères Yamasachi-Hiko, prince de la terre et Umisachi-Hiko, prince de la mer étaient en voyage sur l'île de Aoshima. Les frères échangèrent alors leurs armes de chasse et de pêche et Yamasachi-Hiko partit pêcher pour la première fois. Durant la plongée il perdit le matériel de pêche et partit à sa recherche car il savait que son frère ne lui pardonnerait pas s'il ne le ramenait pas.
Au cours de sa longue quête, Yamasachi-Hiko rencontra Toyotama-Hime, la princesse de la mer, en tomba amoureux et l'épousa à Aoshima.
Yamasachi-Hiko, après avoir restitué le matériel de pèche à son frère, deviendra ensuite le dirigeant du pays. Toyotama-Hime est retournée dans la mer en promettant de revenir chaque année sur l'île pour retrouver son époux pour son anniversaire.
Le couple conçut un enfant qui vit le jour dans la grotte où se situe le sanctuaire Udo-jingu et Yamasachi-Hiko construisit alors un sanctuaire sur l'île de Aoshima pour honorer Toyotama-Hime.
Sur cette île d'environ 1,5 km de circonférence poussent naturellement des plantes tropicales et subtropicales et elle a été désignée comme trésor naturel spécial par les autorités japonaises.
Jusqu'au 18 eme siècle, Aoshima était considérée comme une terre sacrée et l'entrée sur l'île n'était autorisée qu'aux prêtres shinto et au Shima-bugyo (magistrat de l'île). Les autres personnes ne pouvaient s'y rendre qu'une fois par an, le 10 mars. De plus, ils devaient attendre la marée soit suffisamment basse pour que l'île soit reliée naturellement à la terre ferme.
Aujourd'hui, tout le monde peut traverser le pont Yayoi et visiter cette île.
Le chemin menant au sanctuaire d'Aoshima est constitué d'un sol sablonneux. L’île entière d’Aoshima est en fait constituée d’une accumulation de sable.
La tradition oblige chaque visiteur d'un sanctuaire shintoïste à s'arrêter au Temizuya afin se purifier avant de se présenter devant le Kami (divinité du sanctuaire) pour la prière.
La salle principale du sanctuaire d'Aoshima est peinte d'une belle couleur vermillon. Elle fut reconstruite à plusieurs reprises au cours des siècles et celle que l'on peut voir aujourd'hui date de 1974. La statue de Benzaiten, dieu enchâssé dans la salle principale, ne peut être vue que sur réservation préalable.
Sur la droite du hall principal, il ne faut pas manquer la petite porte qui permet d'emprunter un sentier qui mène au petit sanctuaire Motomiya. Ce chemin est appelé inori-no-kodo, ou « route des prières ». Après avoir franchi la porte, on traverse un tunnel d'ema, des plaques votives en bois. La suite du sentier est bordée de plantes subtropicales.
Le sanctuaire Motomiya se situe juste au centre de l’île. De nombreuses pièces de poterie de la période Yayoi (300 avant JC – 250) ont été déterrées dans cette zone qui était souvent utilisée pour des fêtes spirituelles. Cet endroit est réputé comme étant l’un des plus sacrés de toute l’île.
Sur le côté du sanctuaire, des cordes pendent d'un palmier livistona. Les fidèles peuvent y accrocher les papiers de vœux spéciaux, appelés musubi-koyori. Il existe cinq couleurs, la plus populaire étant la teinte rose, pour favoriser les naissances.
A côté, se déroule le rituel ame-no-hiraka. Les fidèles achètent une assiette appelée « hiraka » et la jettent dans la zone désignée tout en disant doucement leur souhait. Si la plaque atterrit avec succès dans la zone, on dit que votre souhait se réalise. Même s’il se brise, on dit quand même qu’il portera chance et éliminera la malchance.
Le sanctuaire d'Aoshima Jinja est aujourd'hui un lieu de pèlerinage populaire pour les couples qui souhaitent prier pour un mariage heureux et une descendance en bonne santé. L'île est également devenu une destination touristique populaire, les visiteurs pouvant profiter de la belle vue sur la mer, le sanctuaire et les plages environnantes.
A marée basse, on peut aller jusqu'au pied du phare qui signale les récifs aux navigateurs.
Pour aller à Aoshima en partant de Miyazaki, le plus simple est de prendre un train local ou rapide sur la ligne JR Nichinan jusqu'à la gare de Aoshima. Le trajet dure 30 minutes et coûte 380 yens, il est couvert par le Japan Rail Pass. L'île est à environ cinq minutes à pied de la gare.
A bientôt!