JAPON: LE SOLEIL ROUGE

JAPON: LE SOLEIL ROUGE

ONOMICHI, le chemin des temples

     "Onomichi, ne manquez pas de parcourir ses ruelles tortueuses qui vous feront découvrir les édifices du Temple walk"... c'est ce que j'avais lu quelque part.

     Cette évocation m'avait promis une promenade paisible au cœur des temples. J'avais naïvement imaginé une flânerie détendue, le nez en l'air, à admirer les détails architecturaux. Quelle erreur ! Car Onomichi, c'est un peu comme une fourmilière zen : on y grimpe, on y descend, on y tourne en rond, toujours à la recherche du prochain temple. J'avais beau avoir étudié le parcours, je n'avais pas anticipé l'aspect "cardio" de cette balade spirituelle. Deux ou trois heures, avais-je lu? Plutôt deux ou trois heures de montée des marches ! À chaque pas, je me sentais moins pèlerin et plus alpiniste amateur, les mollets en feu et le souffle court. Mais bon, qui ne tente rien n'a rien, et qui grimpe jusqu'à un temple a une vue imprenable !

 

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     Vous vous demandez comment lire un plan japonais ? C'est simple comme bonjour ! Imaginez que le plan est un petit bonhomme qui se promène. Il lève la tête pour admirer le paysage, donc ce qui est en haut du plan, c'est ce qu'il voit devant lui. Pas besoin de boussole, juste un peu d'imagination et le tour est joué ! C'est un peu comme si les Japonais avaient inventé un nouveau sport: l'orientation artistique.

     Je suis devant le point rouge qui marque le début du sentier près de la gare, pour prendre le sentier des anciens temples... c'est à droite. Et en plus, c'est indiqué par les trois flèches sur fond bleu!

 
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     Une ruelle, des escaliers, des marches qui ne demandent qu'à être gravies... et en haut... un temple.
     Et bien sur, pour poursuivre le sentier... il faut redescendre pour continuer dans la ruelle... jusqu'au prochain escalier à gravir. Je pense les avoir pratiquement tous montés et descendus, ou je n'en étais pas loin.

 
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     Dans ce temple initiatique où l'on vient se purifier l'âme, j'ai failli passer à côté du Graal : une boutique de manekineko. Ces petits chats japonais, symboles de la chance, m'ont toujours irrémédiablement séduit. Leur créatrice, une artiste locale qui a l'air aussi douce qu'un ourson en peluche, m'a concocté un accueil des plus chaleureux. Qui aurait cru trouver un tel trésor dans un endroit aussi peu propice.

 
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     Cela m'en fera un de plus à placer dans ma petite collection privée...

 

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     Ce serait quand-même le diable si vous ne rencontriez pas un des nombreux félins qui vivent en ces lieux. Un musée leur est d'ailleurs consacré en ville.

 
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      D'ailleurs, "Neko no Hosomichi" est le nom de la ruelle célèbre pour les décorations et la concentration des animaux qui habituellement aiment se prélasser sur les marches, mais là, il n'y avait même pas un!
     Peut-être que je suis le chat noir...
 
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     Les temples, c'est un peu comme les restaurants : il y en a pour tous les goûts, mais peu vous marqueront à vie. Le Senko-ji, lui, sort du lot. Perché sur ses pilotis, il vous offre un point de vue imprenable sur les îles de la mer de Seto  la ville qui étend à ses pieds ses toitures et ses ruelles. Pour l'atteindre, deux options s'offrent à vous : la montée à pied, réservée aux sportifs du dimanche et aux masochistes, ou la descente en douceur après avoir profité de l'observatoire placé au sommet en empruntant le téléphérique, ascenseur pour les dieux, mais en moins cher.. (J'ai fait les deux.)

 
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     Il semblerait que Daruma et Rillakuma ne doivent surtout pas être mélangés!

 
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     La pagode du temple Tennei-ji, telle une émeraude posée sur un coussin de verdure, dominait la ville endormie. Ses lignes épurées et harmonieuses semblaient toucher le ciel, invitant à la contemplation et à la sérénité. Un instant suspendu, hors du temps, où l'âme se met à rêver.

 
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     Perchée sur les rives de la mer intérieure de Seto, Onomichi, jadis paisible hameau aux pieds du mont Senkoji, a vu son destin se transformer au fil des siècles. Au XIIe siècle déjà, ce petit port, véritable fourmilière maritime, expédiait son riz vers la Chine, gonflant les coffres de ses riches marchands. Ces derniers, d'une générosité sans borne (ou plutôt d'un sens aigu des affaires), érigèrent temples et pagodes, transformant Onomichi en un écrin de spiritualité.

 

     Le XXe siècle sonna le glas de la tranquillité. Onomichi, insatiable, engloutit les villages voisins, puis tendit ses tentacules vers les îles de Mukojima et Innoshima, les reliant par la célèbre route Shimanami Kaido. De petit bourg, elle devint une cité trépidante, où les temples côtoient les immeubles et où les fantômes des anciens marchands semblent encore chuchoter leurs histoires aux passants.

 

 
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      Abandonnons-nous à la flânerie et poursuivons notre chemin initiatique vers ce sanctuaire de paix qu'est le Kongo-in. Imaginez : un ensemble de temples, chacun une perle unique dans un collier de spiritualité, et pour couronner le tout, une pagode qui s'élève vers le ciel comme un phare invitant à la contemplation. Une diversité saisissante nous attend, de quoi satisfaire les plus curieux comme les âmes en quête de sérénité.
 
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     Un nouvel effort... mais tout se mérite!
 
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     La descente permet de superbes vues sur les toitures.
 
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     Au hasard de mes découvertes...
 
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     ... des singes de la sagesse, pas très sages!
 
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     Le dernier temple à découvrir est le Jodo-ji, situé le plus à l'est de la ville.
 
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     Un dernier effort pour l'observatoire, et j'aurais pu dire que j'avais tout vu. Mais à ce moment-là, j'étais plus proche de l'épuisement qu'un marathonien à la ligne d'arrivée. Les temples, j'en avais fait le plein, à tel point que je pourrais en construire un moi-même avec les souvenirs qui me trottent dans la tête.             J'ai tenté l'ascension, mais mes muscles ont crié "halte là !" et j'ai dû me résoudre à admirer le paysage, en me promettant de revenir quand je serais en meilleure forme... et que j'aurais oublié l'odeur de l'encens.
 
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     J'ai regagné mon hôtel par le port et la ville basse.
 
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    La shotengai Onomichi Hondori s'endormait tranquillement sous la lumière blafarde des réverbères. Les boutiques, assoupies, semblaient retenir leur souffle. Même les ruelles, habituellement animées par les rires des passants, étaient d'une tranquillité suspecte. On aurait dit le décor d'un film de Miyazaki où tous les habitants auraient été aspirés dans un étrange portail temporel.
 
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     Peut-être les chats cherchaient-ils de l'exotisme dans cet estaminet...
 
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     Le musée de Fumiko Hayashi, ce mausolée littéraire, était plongé dans un la pénombre. L'auteure, elle, avait quitté la ville depuis longtemps avec sa valise, un objet aussi mystérieux qu'une boîte de Pandore. On murmurait qu'elle avait emporté bien plus que ses affaires personnelles : elle y aurait placé les mots mêmes qui avaient fait sa renommée, les enfermant à jamais dans les profondeurs de son bagage..
 
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      En quête d'une expérience gustative authentique, je me suis laissé guider par mon odorat jusqu'à ce petit restaurant. Et là, quelle surprise ! Le Onomichi ramen. C'est un voyage en soi, une symphonie de saveurs où la soupe de poisson, subtilement parfumée, enlace les tendres tranches de porc. Le tout sublimé par des gyoza croustillants à souhait. Un véritable coup de cœur culinaire.
 
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     On raconte qu'à Onomichi se dressait autrefois un château, vestige d'un passé glorieux. J'ai entrepris de lever le voile sur cette légende, mais tout ce que j'ai trouvé, c'est une pâle imitation en béton armé, plus proche du décor d'un film de série Z que d'un authentique château médiéval. Il paraît que cette construction éphémère a été démolie peu après mon passage, comme si elle avait honte d'usurper l'identité d'un monument qui n'a jamais existé.
 
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     Onomichi, c'est un peu comme un bon repas : il faut prendre le temps de le savourer. Avec seulement une demi-journée, je n'ai fait qu'effleurer la surface de cette ville au charme indéniable. Pour ceux qui souhaitent découvrir les trésors cachés de la ville, je recommande vivement de prévoir au minimum deux jours. Vous pourrez ainsi flâner dans les musées, déguster les spécialités locales et, surtout, vous perdre dans les ruelles, loin des sentiers battus. Et pour les photographes, un petit conseil : évitez le chemin des temples en fin de journée, à moins que vous ne souhaitiez immortaliser des silhouettes fantomatiques.
 
A bientôt!


04/07/2019
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