JAPON: LE SOLEIL ROUGE

     Dans le sud de Kyoto, le temple Manpuku-ji, véritable oasis de sérénité à Uji, se dresse fièrement comme le bastion de la secte Zen Obaku, importée de Chine en 1654..

     Alors que la beaucoup associent le zen à Soto et Rinzai, les deux principales écoles japonaises, il existe un troisième courant, tout aussi influant : l'école Obaku. Fondée au XVIIe siècle par le moine chinois Ingen, cette école a insufflé un vent de fraîcheur dans le paysage zen nippon.

     Invité par le shogunat, Ingen s'installa à Uji, près de Kyoto, et y fonda le temple Manpuku-ji en 1661. Ce dernier, qui signifie "temple de la parfaite félicité", est aujourd'hui le quartier général de l'école Obaku et supervise une petite armée de 470 temples affiliés.

      Le vaste terrain du temple est aménagé comme une cour, les principaux bâtiments du temple étant disposés en ligne droite, reliés par un chemin pavé de pierres flanqué de vastes espaces ouverts ou de jardins . Ces bâtiments principaux sont reliés aux bâtiments auxiliaires disposés de chaque côté par de longs couloirs abrités.

     Dès l'entrée, le visiteur est saisi par l'exotisme des lieux. La porte principale au toit à double étage, digne de celle d'un palais impérial chinois, invite à une promenade à travers un univers zen empreint d'une sérénité toute particulière. 

     Les bâtiments, les statues et les jardins sont fortement influencés par le style architectural de la dynastie Ming de Chine contemporaine et conservent une apparence beaucoup plus chinoise que les autres temples bouddhistes du Japon. Bien que difficile à apprécier par le touriste ordinaire, les jardins du temple sont disposés en forme de dragon lorsqu'ils sont vus d'en haut.

      Un chemin dallé de pierres, bordé de lanternes en granite, vous guide ensuite vers la majestueuse porte Sanmon. Préparez-vous à lever les yeux, car cette porte est tout simplement gigantesque.

    L'un des joyaux du temple est sans conteste le Tenno Hall, qui abrite une statue particulièrement expressive d'Hotei, le bouddha rieur. Avec son ventre proéminent et son sourire béat, il semble nous inviter à relativiser les choses et à savourer les petits bonheurs de la vie. Autour de lui, les quatre rois célestes veillent sur les lieux, prêts à repousser les mauvais esprits.

     Le chemin se poursuit vers le Daio Hoden, la salle principale. Ici, Shaka, le Bouddha historique, trône en maître. Les dix-huit Rakan, ses disciples, l'entourent, chacun avec son expression unique, comme figés dans une méditation éternelle. Un brûle-encens aux couleurs chatoyantes embaume l'air d'une douce fragrance, invitant à la contemplation. 

     Le kaipan , ou panneau en forme de poisson, près de la salle principale est un symbole populaire de ce temple, et est toujours utilisé aujourd'hui. Si vous attendez, vous aurez peut-être la chance d'apercevoir un moine sortir et utiliser le panneau pour annoncer l'heure.

     Les jardins du Manpuku-ji sont eux aussi une véritable invitation à la détente. Loin des jardins zen japonais traditionnels, avec leurs rochers soigneusement disposés et leur gravier ratissé, ceux du Manpuku-ji offrent un paysage plus naturel et sauvage. On y trouve des arbres centenaires, des étangs paisibles et des allées sinueuses qui invitent à la promenade méditative.

     Bien que vingt-trois de ses bâtiments arborent fièrement le titre de "Biens culturels importants", le temple Manpuku-ji ne se contente pas d'être un musée à ciel ouvert, figé dans le passé. Loin de là ! Chaque semaine, les moines y donnent vie à l'art ancestral du zazen, transformant les tatamis en océans de sérénité. Et pour ceux qui souhaitent se joindre à eux, des séances de méditation sont régulièrement proposées. Le visiteur peut ainsi tenter de percer les mystères de l'esprit, tout en s'efforçant d'éviter de s'endormir sur son coussin de méditation...

     Le temple n'est pas seulement un lieu de recueillement, c'est aussi un théâtre où se jouent des spectacles hauts en couleur. Chaque automne, un festival digne des plus grandes fêtes chinoises investit les lieux. Les stands regorgent de délices exotiques, et une danse du lion aussi énergique que déjantée vient enflammer l'atmosphère. Les moines, quant à eux, troquent leurs robes pour des costumes plus festifs, prouvant ainsi qu'ils savent aussi faire la fête !

      A Bientôt!