JAPON: LE SOLEIL ROUGE

JAPON: LE SOLEIL ROUGE

SONEZAKI OHATSUTENJIN DORI

     SONEZAKI OHATSUTENJIN DORI SHOTENGAI... derrière cette appellation se cache une petite pépite d'Osaka. Littéralement, cette expression signifie "la ruelle couverte de la déesse Ohatsu à Sonezaki.

 

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     Imaginez-vous, juste au sud du célèbre Hep Five, avec sa grande roue rouge qui semble toucher le ciel, se niche un petit coin de paradis pour les gourmands et les curieux. Sonezaki, c'est un peu le Montmartre d'Osaka, avec ses ruelles étroites et ses enseignes lumineuses qui scintillent comme des étoiles. 

 

 

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     C'est ici, juste derrière moi, que l'aventure commence. Une shotengai, comprenez par là une galerie marchande couverte, serpente entre les bâtiments, menant les promeneurs vers le sanctuaire Tsuyu no Tenjinja. Un véritable havre de paix au cœur de la ville, où l'on peut déguster les spécialités locales, jouer au pachinko (si le cœur vous en dit) ou tout simplement flâner à l'abri des intempéries.

     Située à deux pas de la gare, cette ruelle est un passage obligé pour les voyageurs en quête d'authenticité. Et rassurez-vous, un koban, c'est-à-dire un poste de police, veille sur les lieux. De quoi profiter en toute tranquillité de cette petite parenthèse nippone.

 

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    Le sanctuaire Tsuyuno, du nom des douces pluies de juin qui précèdent les lourdes chaleurs d'été, fut érigé sur l'une des mille îles qui formaient autrefois le patchwork aquatique d'Osaka. Une époque où la ville était un archipel de rêves et de secrets, quand les marées montantes et descendantes dictaient le rythme de la vie.

 

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     Au-delà de ses origines, c'est une histoire d'amour tragique qui a véritablement ancré le sanctuaire dans la mémoire collective. Une histoire qui nous transporte au XVIIIe siècle, à l'époque où les geishas rivalisaient de grâce et où les samouraïs inspiraient le respect en brandissaient leurs katanas avec force et dextérité.

     Ohatsu, une courtisane au regard de velours, et Tokubei, un jeune bourgeois au cœur tendre et à l'âme d'artiste, se croisèrent un soir de pleine lune. L'attirance réciproque fut aussi fulgurante que les éclairs d'un orage d'été, mais aussi fragile qu'une bulle de savon. Car dans ce monde de conventions rigides, leur amour était un crime presque aussi grave que le meurtre.

     Leur idylle fut brutalement interrompue par les caprices d'un destin cruel. Pourchassés, désespérés, ils trouvèrent refuge dans la forêt sacrée qui entourait le sanctuaire Tsuyuno. Là, sous la voûte étoilée, ils scellèrent leur amour d'un baiser éternel, avant de se donner la mort dans un geste désespéré.

     C'est ainsi que le sanctuaire Tsuyuno devint le théâtre d'un drame passionnel qui hantera les mémoires pendant des siècles. Le célèbre dramaturge Chikamatsu Monzaemon, maître des marionnettes et des mots, immortalisa leur histoire tragique. Grâce à lui, Ohatsu et Tokubei devinrent les Roméo et Juliette d'Osaka, leur amour transcendant les siècles pour devenir une légende..

 

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     Le sanctuaire , gardien bienveillant des amours éternelles, vit sa renommée s'épanouir comme une fleur de cerisier au printemps, grâce à cette histoire qui fit trembler les cœurs. Aujourd'hui, c'est un pèlerinage obligé pour tous les amoureux désespérés et les romantiques contrariés. Depuis que l'histoire de Tokubei et Ohatsu s'est répandue comme une traînée de poudre, les amoureux affluent en masse, attirés par la promesse d'un amour aussi intense, quoique plus heureux.

     Le sanctuaire, devenu le théâtre de leurs prières et de leurs espoirs, tire son nom du festival annuel qui célèbre leur union tragique, sous les douces caresses de la pluie de printemps, le tsuyu.

 

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      Si l'on en croit la multitude d'ema qui ornent les murs du sanctuaire, Cupidon semble avoir élu domicile à Osaka. Les cœurs palpitants et les vœux les plus fous s'y entremêlent, formant une symphonie amoureuse qui résonne à travers les siècles. On dirait presque que Tokubei et Ohatsu, depuis leur demeure céleste, sourient à ce spectacle touchant, ravis de voir que leur histoire continue d'inspirer les générations futures.



02/02/2015
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